• report20160217

2016/02/17

Bientôt le mariage pour tous à Taïwan?

Homosexualité Taïwan va-t-il devenir le premier territoire d'Asie à légaliser le mariage gay? A l'approche d'élections qui augurent d'une ère politique nouvelle, certains se prennent à en rêver.

 

Resouce

 

L'île nationaliste séparée de la Chine depuis 1949 figure déjà parmi les sociétés les plus progressistes de la région s'agissant des droits des homosexuels.

Des dizaines de milliers de personnes participent chaque année à la gay pride tandis que les trois plus grandes villes du territoire acceptent depuis cette d'année que les couples gays s'enregistrent en tant que tels auprès de leurs services administratifs.

Mais le Kuomintang (KMT) au pouvoir oppose une résistance acharnée à la légalisation du mariage entre personnes du même sexe depuis que le Parti démocratique progressiste (PDP, opposition) a présenté en 2003 une proposition de loi en ce sens.

La plupart des observateurs s'attendent aujourd'hui à ce que le KMT perde l'élection présidentielle et pour la première fois, les élections législatives, scrutins prévus en janvier.

Ils sont nombreux à espérer qu'un nouveau gouvernement remette le sujet sur le tapis.

«Quand on regarde les tendances mondiales concernant l'égalité entre les sexes et le mariage, l'élan n'a jamais été aussi favorable que maintenant», dit Yu Mei-nu, parlementaire du PDP.

Question à l'ordre du jour

Dans le monde, le mariage homosexuel est légalisé ou en passe de l'être dans une petite vingtaine de pays, dont bon nombre en Europe.

«Si le PDP remporte la majorité des sièges, il y aura de meilleures chances pour que cette question soit mise à l'ordre du jour», ajoute la parlementaire à l'AFP.

Le texte de 2013 n'ayant pas passé la rampe, c'est une nouvelle proposition de loi qui devra être soumise le cas échéant au nouveau Parlement.

Questionnée sur sa sexualité

La candidate du PDP, Tsai Ing-wen, domine largement les sondages. Si leurs prédictions se concrétisent, elle serait la première femme à présider Taïwan. Elle n'a pas fait mystère de son soutien au mariage gay, postant en octobre sur sa page Facebook une vidéo proclamant que «tout le monde est égal devant l'amour».

Mme Tsai avait elle-même été questionnée sur son orientation sexuelle lors de sa dernière candidature présidentielle en 2012. Elle avait refusé de répondre pour ne pas être «complice de la répression sexuelle».

Certains militants des droits des homosexuels redoutent cependant un rétropédalage du PDP qui ne serait pas prêt à s'aliéner ses partisans les plus conservateurs.

Pour faire avancer leur cause, ils présentent donc aux législatives leurs propres candidats: sur les 16 candidats appartenant à une nouvelle coalition, l'Alliance des Verts et du Parti social-démocrate, cinq sont ouvertement homosexuels et ont placé les droits des gays au centre de leur programme électoral.

«Nous avons besoin de contraindre les deux partis à avancer», explique l'une de ces candidates, Victoria Hsu, 43 ans. Elle dirige également un mouvement qui milite pour les droits civils des couples du même sexe.

Une lutte de 17 ans

«On voit le pouvoir du KMT s'éroder peu à peu mais on voit aussi le PDP se mettre à ressembler de plus en plus au KMT», lance-t-elle. «Ils ne vont pas oser se prononcer clairement sur des questions controversées», redoute-t-elle. «Notre problème est marginalisé, nous devons faire les choses nous-mêmes si nous ne voulons pas être ignorés».

Sur plus de 500 candidats aux législatives, 84 se sont engagés à soutenir un projet de loi sur le mariage gay, d'après elle.

Les principaux réfractaires sont les mouvements chrétiens qui jouissent d'une influence politique considérable, en particulier dans les rangs du KMT.

Mais l'opinion y est favorable à 59%, d'après une enquête en ligne réalisée cette année par le ministère de la Justice.

Qi Jia-wei, 57 ans, se bat depuis 17 ans pour le droit d'épouser son compagnon.

En 1998, il avait saisi la Cour constitutionnelle de son cas mais avait été débouté.

Il tente à nouveau aujourd'hui la voie judiciaire et son dossier pourrait faire jurisprudence.

«Avant, à Taïwan, Hong Kong, en Chine, il n'y avait que moi qui parlait de cette question», dit-il à l'AFP. «Trente ans après, regardez combien de mouvements militent pour le mariage gay. L'atmosphère a complètement changé».

 

(afp/nxp)

(Créé: 17.12.2015, 07h00)


發佈日期: 2016/02/17



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